Miss Tic est une source d'inspiration pour beaucoup d'artistes féminines comme masculins.
C'est pourquoi nous sommes allées à la rencontre d'une jeune artiste, Cécile Ka , qui nous donne son avis sur l'icône féminine du Street art:
♦️ Que pense tu de l’artiste Miss Tic ?
Miss Tic est une des pionnières du Street art français au féminin. Elle est pour moi très importante dans l'histoire du Street art et elle a contribué à la démocratisation du mouvement , à apporter une vision plus bienveillante de l'art sur les murs aux non initiés .
♦️ Est-elle un exemple et une source d’inspiration pour toi ?
Oui, elle est un exemple et une source d'inspiration , c'est grâce à des artistes comme elle ainsi qu'à de nombreux autres , découverts notamment lors de mon séjour à Berlin . Certains quartiers de la ville très libertaires à ce niveau là ont en effet contribués à mon envie et à ma décision de faire et de poser des collages dans la rue . C'est une démarche qui à mon sens est très généreuse ( gratuite et accessible pour tous y compris les ceux qui n'ont pas accès habituellement à l'art ) mais aussi , il ne faut pas se mentir un moyen direct de faire connaître son travail au plus grand nombre.
♦️ Penses-tu que l’art de Miss tic est féministe ?
Oui, l'art de Miss Tic est souvent féministe , mais pas que , comme elle le dit dans une de ces phrases : " Je prête à rire mais je donne à penser " . Je crois en effet que son art peut parler à tous et à toutes . Des slogans comme : " Le masculin l'emporte mais où ? " qui interrogent clairement sur la condition féminine.
♦️ Quel est ton slogan préféré de Miss Tic ?
Difficile de choisir ... Mais je dirais : " Faire le mur. Jouer la fille de l'art. "
♦️ Pour la plupart des artistes Street art, son art est devenu trop commercial et l’éloigne des valeurs du Street art, qu’en penses-tu ?
L'art de Miss Tic est-t-'il trop commercial ... ? C'est une question très importante et prédominante dans le milieu ... Je répondrais simplement par, notamment deux autres questions : Les artistes ont t'ils le droit de gagner leur vie ou doivent-t-'ils être condamnés à vivre d'amour et d'eau fraîche ...? Perdent-t-'ils automatiquement leur cerveau , leurs idées , leurs talents ou leurs engagements lorsqu'ils finissent ( souvent au prix de nombreux efforts et périodes très dures ainsi qu'à des investissements personnels et financiers ... créer n'est pas gratuit en effet ...! ) par récolter les fruits de leur travail ? J'ai appris dès l'enfance par mon éducation que toutes peines méritent salaire .
Je ne suis donc pas choquée qu'un artiste gagne sa vie avec son oeuvre , d'autant plus s'il garde son intégrité et son éthique ce qui n'est pas toujours facile , j'en convient ... Le système ou l'argent peuvent parfois d’envoyer l'intention première mais certains parviennent à garder la tête sur les épaules , c'est donc possible ! Je pense que cela dépend surtout de l'état d'esprit de l'artiste dès le départ.
♦️ Aimerais-tu collaborer avec Miss Tic?
oui bien sûr aussi , c'est une figure très importante du Street art et les collaborations sont très enrichissantes , d'ailleurs nous avons créé MaKaDaM à deux , avec mon amie Dam et moi même Ka , nous avons posé un certain nombre d’œuvres créé à 2 à Paris.
♦️ Quel regard porte-tu sur la scène actuelle du Street art ?
Mon regard est resté le même que celui que j'avais dès le début du mouvement .
J'ai toujours aimé le fait de créer dans la rue , sur une multitude de support , au plus près des populations . Je m'efforce au quotidien d'ouvrir les yeux des personnes qui ne sont pas ou peu réceptif au mouvement notamment les gens qui ne comprennent pas les liens qui existent entre ce que l'on qualifie de vandale et les fresques murales qui elles remportent forcément plus de succès , l'histoire du Street art , sa genèse est " vandalisme " . Le Street art à enfin acquis la place qu'il mérite dans l'histoire de l'art et je m'en félicite , il est le premier et unique mouvement réellement planétaire , global . Malheureusement , toutes les questions ne sont pour autant pas réglées puisque des artistes pourtant populaires ont encore à faire à la justice ... Ce qui laisse imaginer à quel point certains d'entre nous doivent encore jouer au chat et à la souris avec les forces de l'ordre dans certaines régions du globe.
Propos recueillis par Eya Chikhaoui